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Elaboration d’un mécanisme horloger pour garde-temps. Pourquoi cela ne se fait-il pas en deux temps trois mouvements ?

Qui ne penserait pas que c’est un peu long, 2 à 6 ans pour réaliser un mécanisme qui ne sert même pas à aller sur la lune ? Et pourtant…

Le cahier des charges

Vous êtes le client et vous avez les idées claires. Cela n’est peut-être pas suffisant. Si l’étape qui consiste à déterminer le cahier des charges du mouvement à développer sera sans doute fluide comme de définir les critères de bases :

  • les dimensions extérieures
  • les indications et les fonctions du mouvement
  • la réserve de marche
  • les possibilités de finition et
  • celles de personnalisation et le prix de revient

Et d’autres seront à surveiller, à réévaluer et à redéfinir régulièrement pendant l’élaboration du nouveau calibre.

Pour développer un mouvement, il faut être patient

Les personnes du métier savent que si l’on souhaite lancer un nouveau produit avec un mouvement développé exclusivement dans cette perspective, il faut s’y prendre tôt car le développement seul peut durer jusqu’à deux ans. Se référant au cahier des charges, le chef de projet va esquisser le mouvement en deux dimensions sur l’écran de l’ordinateur. Il peut aussi s’aider en dessinant certaines parties des mécanismes au crayon. S’appuyant sur ses connaissances, dialoguant avec ses collègues et se renseignant, il va ainsi avancer. Puis c’est en trois dimensions que le mouvement prend forme sur l’écran. Il s’agit alors de mettre en place les rouages, régler les partagements, imaginer les ébats de hauteurs comme les latéraux et se soucier des possibles collisions. Pour des mécanismes nouveaux, des dispositions innovantes, il va réaliser des maquettes en plexiglas avec une découpeuse laser. Ce qui lui permet de vérifier la bonne disposition et l’efficacité de ces innovations en visualisant les mouvements, les rotations, la forme des dentures et celle des composants. Ces maquettes peuvent aussi servir à séduire nos clients en leur expliquant les nouveaux dispositifs qui pourront équiper leurs montres. Le chef de projet échange régulièrement avec ses collègues, comme avec les personnes en charge de l’industrialisation car l’aspect fabrication des composants doit déjà être pris en compte. Une fois la modélisation achevée en trois dimensions, chaque pièce est dessinée séparément, cotée précisément avec la mention des tolérances de réalisation comme d’ajustement. Ce long processus d’élaboration d’un mouvement dure entre une et deux années et demie.

Prototypie, vers la concrétisation

Le mouvement existe en trois dimensions sur l’écran de l’ordinateur, des maquettes ont permis de vérifier certains fonctionnements dans la théorie, reste la phase de prototypie. Il s’agit donc de lancer la production des composants en petite quantité, de déjà vérifier la possible fabrication avec la cellule d’industrialisation. C’est en confiant la construction aux horlogers analystes et prototypistes que les spécialistes pourront vérifier s’il correspond aux attentes. Il s’agit de suivre la fabrication des composants, de les assembler, de vérifier le fonctionnement de l’ensemble. Alors nous pourrons juger des jeux, tenir compte de l’inertie des pièces en mouvement. Il faut être attentif à sa précision, à sa réserve de marche, à l’efficacité du remontage automatique comme à sa solidité et à sa durabilité. Ainsi les prototypes sont torturés méthodiquement dans notre laboratoire, ils endurent des champs magnétiques, des chocs ; ils sont agités, brassés dans des machines pour vérifier s’ils se remontent et s’ils restent peu sensibles à des perturbations. Avec d’autres machines, les personnes du laboratoire vont mesurer l’arrachement des axes sur les roues, la constance des frottements, la stabilité de la lubrification. Une caméra, ultra-rapide, va leur permettre de voir comment se déroulent des opérations d’une durée de moins d’un dixième de seconde. Toutes ces opérations de tests internes, parfois externes, vont aider à la mise au point, aux phases de validation du nouveau mouvement. Ici s’arrête après 3 à 4 années le travail du chef de projet.

Du prototype au produit

Dans ces opérations, réside la grande différence entre un produit industriel et un objet artisanal. Après validation des prototypes, nous allons organiser la production du mouvement. Il nous faut opter pour des solutions rationnelles de réalisation, de terminaison, définir les tolérances. Il s’agit de penser la succession des opérations de fabrication, de finition et de décoration manuelle de chaque composant, de les définir précisément et de les retranscrire sur des plans d’exécution. Les responsables d’atelier doivent s’assurer de l’adéquation des compétences des personnes dévolues à la réalisation des pièces, des mouvements avec les exigences de qualité que nous avons posées. Puis les instructions de réalisation des composants, comme celles de montage de l’ensemble doivent être pensées et rédigées. Il faut aussi prévoir l’outillage nécessaire, le construire ici ou le faire construire à l’extérieur, mettre en place les protocoles de contrôle et prévoir un suivi pour l’après-vente. Il faut encore garantir l’approvisionnement des matières brutes, des outils, affecter des machines et des ressources humaines pour la possible réalisation de ce nouveau mouvement. Là aussi c’est un espace de 1 à 2 années qu’il faut prévoir pour cela.

Développement exclusif ou personnalisation, deux solutions pour des mouvements entièrement personnalisé

Certaines étapes de ces processus ont lieu presque conjointement, les échanges sont fréquents. Cela permet de maintenir les délais raisonnables d’élaboration des mouvements à un espace compris entre 2 et 6 ans de travail, en fonction de la complexité des mécanismes à concevoir. Pour les horlogers un peu plus pressés, Vaucher Manufacture Fleurier propose ses propres calibres qui sont entièrement personnalisables jusqu’à restituer un mouvement propre à l’ADN de la marque. Pensez-y.

Construire un nouveau mouvement est un long processus qui peut durer quelques années. Pour Vaucher Manufacture, il s’agit d’élaborer un nouveau mécanisme, de s’assurer de son bon fonctionnement puis d’organiser sa construction, son entretien et sa pérennité, le tout sans perdre de vue l’aspect essentiel des plus-values des décorations apportées par le travail manuel. Nos mouvements allient donc les deux choses : d’un côté un produit conçu et réalisé de manière industrielle, fiable et précis et d’un autre une finition exclusive faite à la main. A cela s’ajoute la possibilité d’adapter, de personnaliser le mouvement en changeant la forme des ponts, l’aspect des surfaces, voire les matériaux utilisés.